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Réseau associatif et autonomie des antennes

Petit dej' interassociatif ☕️


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Amélie Arcile

3 oct. 2024 • 5 mins de lecture


Le Petit dej Interassociatif, c’est un format qui réunit les référents des sujets de bénévolat des associations nationales partenaires ou amies de Benevolt tous les 2 mois autour d’une thématique.

C’est un espace d’échanges en visio, à cœur ouvert, sur son fonctionnement, ses difficultés, ses fiertés. Les participants y apportent leurs questions, leurs pratiques, leur café ou leur thé et repartent nourris, non par des viennoiseries, mais par les pratiques de leurs homologues.

Ce matin de septembre, nous sommes 25 à être réunis pour aborder le sujet de l’autonomie des antennes. Par “antenne”, nous désignons toute structure (association, comité, délégation, unité locale, relais...) affiliée à un réseau national (ou quasi national). C’est suffisamment vaste pour englober toutes les typologies d’affiliation et le sujet du jour n’aide pas à faire simple. Quand on parle d’autonomie des antennes, on se retrouve à évoquer différents sujets, différents modes relationnels qui s’écrivent différemment dans la vie de chaque structure associative. Les échanges vont donc être passionnants (si j’arrive à organiser un peu tout ça).

Quand j’écris “autonomie des antennes”, ce qui me vient en premier c’est l’autonomie organisationnelle, la possibilité que chaque antenne mène sa barque comme elle l’entend. Mais que faire de l’autonomie financière ? De l’autonomie stratégique ? De l’autonomie juridique ? Je ne pouvais pas prendre le risque de ne pas aborder ces sujets tant ils ont de l’importance dans la vie des associations et dans la construction du lien qu’elles entretiennent avec la tête du réseau.

Aussi, pour cadrer les échanges et faciliter la prise de parole (à 25, c’est chaud), je passe par la bonne vieille méthode du sondage dont voici une partir des des résultats :

sondate autonomie comités

Sans surprise, je m’y attendais, aucun réseau ne fonctionne de la même manière. C’est aussi beau car source de richesse que vertigineux. L’important étant de mesurer si les choix faits en la matière, parfois il y a plusieurs décennies, sont plutôt source de tension et freins au fonctionnement actuel ou facilitants.

Plutôt que de vous retranscrire les échanges et les témoignages de chacune des structures, je vous partage les idées ou prises de parole qui m’ont particulièrement intéressées.

Sur l’autonomie juridique et structurelle

Je suis plutôt partisane de la simplification administrative et recommande fréquemment à des associations qui ont du mal à renouveler leurs dirigeants d’arrêter d’obliger chaque antenne locale à être une être association en propre. Mais la réflexion de Thierry Gros, de l’association Pour un Sourire d’Enfant, me fait réfléchir : “Les associations sans existence juridique sont plus facilement fragilisées par les départs de leurs représentants contrairement aux entités juridiques qui ne peuvent fonctionner sans gouvernance donc ça motive les administrateurs à trouver un remplaçant.”

J’aime bien également le fonctionnement de la Fédération des Aveugles et amblyopes représentée par Julie Bertholon qui explique que le Conseil d'Administration de chaque antenne doit être composé au ¾ de personnes déficientes visuelles. C’est intéressant car tout en gardant de l’autonomie, les antennes ne peuvent s’éloigner de l’objet profond qui les unit au réseau. #culturebénévole 😉

Sur l’autonomie financière

Il y a une complémentarité entre financement par le siège et autonomie dans la recherche de fonds. Ça responsabilise les antennes et encourage les initiatives.

Médecins du Monde fait le pari de la mixité explique Lucie Oliveira : “La direction opérationnelle France budgète chaque année un soutien à chaque délégation mais certaines délégations vont avoir un financement par l’ARS, des subventions publiques ou des dons.”

C’est le cas également d’Audrey Namur de la Fédération Française des Diabétiques “On essaie de développer de nouveaux modèles de financement avec par exemple des projets à déposer auprès du siège. Il y a un premier versement de financements en début d'année et le solde en fin d’année après dépôt du bilan du projet réalisé. Ça marche bien car ce sont des actions clé en main, avec mise à disposition d’outils et de financements par le siège. Ça permet au siège de communiquer sur le sujet. On veut continuer à développer ce modèle”

Sur l’autonomie stratégique

Aucune structure n’a répondu “mes antennes sont totalement autonomes dans leur orientation stratégique”, et c’est bien normal puisque ce qui relie les différentes structures d’une même association c’est bien un même objet social d’où découle les grandes orientations stratégiques. Pour autant, il n’y a pas forcément soumission totale des antennes.

Karine Meshoub de Partage explique que les antennes doivent répondre à trois types de missions mais ont carte blanche pour les réaliser comme elles le souhaitent. Manon Savart des Amis des Enfants du Monde, exprime également que dans son réseau les antennes s’engagent à faire connaître l’association mais ont la liberté de choisir leurs événements.

Le témoignage de Léna Girard d’Entraide Scolaire Amicale résonne avec des problématiques fréquemment rencontrées : s’il n’y a pas assez d’autonomie laissée, les bénévoles le vivent mal et peuvent se démobiliser. On doit trouver l’équilibre entre autonomie / organisation / mobilisation.

Marlène de la Fédération des Diabétiques précise que “les antennes sont indépendantes juridiquement mais elles ont besoin d’être guidées. On finance certaines actions ce qui crée une cohésion et on intègre les bénévoles (présidents ou comités de région) dans nos décisions pour créer nos guides. On est organisé en holacratie pour que chacun soit au clair sur ce qu’il fait dans la fédération (cohésion entre le local et le siège).” Pour les non-initiés, l’holacratie est un mode de gouvernance garantissant une grande liberté à chacun de ses membres dans le respect d’un cadre co-construit et adopté collectivement.

Sur l’autonomie dans le recrutement des membres

Il y a un consensus relatif autour de l’autonomie laissée aux antennes dans l’intégration de nouveaux bénévoles. Pour ce qui est des salariés ou des volontaires en mécénat de compétences, le siège a souvent son mot à dire:

“Pour les bénévoles, ils sont autonomes dans la mobilisation, pour les salariés c’est plus un dialogue dans les territoires régionaux car c’est eux qui ont le budget” Jérôme Journet APF

“Au niveau des bénévoles, ils sont autonomes même s’ils ont des grandes lignes et de l’aide du siège. Pour le mécénat de compétences, le siège fait un premier filtre puis il y a un entretien avec le réseau bénévoles.” Carole Khouider Unicef

Mais, il est important d’accompagner les antennes par de la formation et des outils. C’est le cas chez Surfrider, qui met à disposition de ses antennes une base de connaissance en ligne comme l’explique Pierre-Emmanuel Franco.

Sur l’autonomie dans les projets

Les témoignages ne manquaient pas, soulignant la diversité et la créativité des structures présentes.

Marion Corvee de la Fondation Recherche Alzheimer a un fonctionnement hybride : “Les bénévoles sont autonomes dans la manière de développer leur collecte, ils font comme ils veulent, mais il y a plusieurs événements annuels où ils sont obligés de participer.” et nombreuses sont les structures qui fonctionnent comme celle-ci.

Il y a nécessité à laisser les antennes porter les projets qu’elles souhaitent pour travailler l’implication des membres au niveau local. Outiller, faciliter, valoriser devient le rôle du siège.

Les projets évoqués ayant amené à une discussion autour de la collecte de fonds, de produits, etc. un petit dej est prévu sur le sujet prochainement

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