webinaire de présentation

Valoriser le bénévolat, comment et pourquoi ?

Petit dej' interassociatif ☕️


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Amélie Arcile

21 juin 2024 • 5 mins de lecture


Le 13 juin dernier, chouquettes et café ont réuni de bonne heure les référents / coordinateurs·ices, chargé·es de la vie associative d’associations nationales pour échanger autour de la valorisation du bénévolat ☕️.

Si le sujet fait généralement consensus : c’est normal de valoriser le travail des bénévoles, il n’est pourtant pas toujours évident à adresser dans les associations. Modalités de valorisation, disparité dans les traitements, autant de risques, en voulant pourtant bien faire, de passer à côté.

Les échanges avec les participants nous ont permis de lister des bonnes pratiques.

Valoriser c’est quoi ?

Valoriser c’est reconnaître la valeur de quelque chose ou de quelqu’un. En ce qui concerne le bénévolat, ce qui me vient en premier lieu, c’est l’image de celles et ceux qui œuvrent souvent dans l’ombre, sans lesquels les projets n'aboutissent jamais. Ces petites mains qui s’activent, ces têtes qui organisent, ces personnes qui prennent sur leur temps personnel pour agir pour l’intérêt collectif. Valoriser, c’est donc commencer par s’arrêter une seconde pour apporter de la lumière sur ces 22,5 millions d’abeilles qui chacune à leur place permettent aux associations d’exister. Mettre en lumière et reconnaître la valeur de leurs actions, chacunes à leur niveau.

La valorisation est-elle comptable ?

Oui !

… mais pas ce jeudi matin là… 😁

Si nous avions prévu qu’un groupe travaille sur la valorisation comptable du bénévolat, sujet qui avait inspiré des associations locales quelques semaines plus tôt, cette thématique a été écartée par les participant·es qui ont préféré traiter les deux autres sujets proposés à savoir la valorisation par le remerciement et la prise de responsabilité. Le sujet de la valorisation comptable étant qualifié de “pas sexy”, les participant·s nous ont demandé de leur imposer cette thématique lors d’un prochain Petit-Déj pour qu’ils puissent tous ensemble travailler cet axe de valorisation. Nous aurons donc le plaisir d’y consacrer un prochain petit dej’ et un prochain article ! 😅

Heureusement pour nous, les deux autres sujets proposés aux participants ont inspiré partage d’expériences, questionnements et explorations très riches !

Proposer des responsabilités aux bénévoles, une forme de valorisation ?

Dans un contexte de complexité à renouveler les dirigeant·es associatif·ves, la tendance à précipiter la prise de responsabilité à tout bénévole un minimum investi est grande. Ceux-ci ne sont pas dupes. Là où il y a quelques années, l’image de pouvoir, la dimension statutaire du terme “président·e”, véhiculés par la prise de responsabilités associatives étaient de bons arguments, aujourd’hui elles ne sont pas particulièrement recherchées.

L’accompagnement vers les responsabilités doit se recentrer sur la personne, valorisant les compétences qu’elle peut partager à l’association et sur le partage de valeurs communes. On ne s’investit pas dans une association par passion pour sa santé financière ou amour de la logistique mais pour la cause qu’elle défend, les personnes qui l’incarnent et les actions qu’elle mène.

Attention à bien identifier les freins à la prise de responsabilité. Les plus fréquents sont la peur de manquer de connaissances (financières, RH, écosystème,...), de temps et de… finir en prison ! Il est donc important de rappeler que rares sont les président·es ou administrateurs·ices qui se retrouvent derrière les barreaux pour mauvaise gestion de leur association.

Faciliter la prise de responsabilités sera d’autant plus aisée qu’un parcours est créé pour l’accompagner de façon personnalisée.

Quelques bonnes pratiques :

  • Préciser les tâches qui incombent au poste : concrètement que veut dire “administrer” une association. Qu’est-ce que le bénévole va devoir faire ?
  • Avoir en tête qu’il vaut mieux plusieurs administrateurs qui font chacun des choses dont ils se sentent capables, qu’un seul mouton à 5 pattes (très difficile à trouver au demeurant) : plus on découpe les tâches, plus on a de chance de trouver des bénévoles capables de les réaliser
  • Identifier les forces des bénévoles pressentis et les valoriser : "j'ai remarqué que tu étais hyper à l'aise pour prendre la parole en public et que tu y prends plaisir, on cherche dans le bureau quelqu'un qui aurait ces compétences-là, ça te dit d'en savoir plus !"
  • Développer la formation : c’est plus facile de trouver des bénévoles pour prendre des responsabilités quand on s’engage à les former. Cette formation revêt par ailleurs un caractère de récompense et témoigne de la bien-traitance des bénévoles dans votre association.
  • Faciliter l’accès à des ressources internes (salariés ou autres bénévoles) pour rassurer le bénévole et étayer ses éventuels manques de compétences (juridique, comptable notamment).

L’idée générale, vous l’aurez compris, est d’inverser cette tendance à redouter le coup de fil qui propose de prendre des responsabilités pour montrer que c’est un gage de confiance et que l’association a les moyens d’accompagner et d’encadrer cette prise de responsabilités.

Dire merci

C’est le sujet qui a le plus inspiré nos participants de ce petit déj’ interassociatif.

Avant de lister les bonnes pratiques, j’aimerais rappeler que le remerciement n’a de valeur que s’il est prononcé par la bonne personne, au bon moment. Il est donc intéressant de réfléchir à des remerciements différents pour les bénévoles en fonction de la place occupée dans l’association.

Bon nombre de bénévoles ne se sentent pas assez remerciés. Pourtant, les associations qu’ils fréquentent envoient régulièrement des mails qui soulignent le travail accompli par les bénévoles. Mais un remerciement par mail, d’une personne qu’on connaît peu a de fait moins de valeur.

Plus le remerciement sera personnalisé, plus il sera entendu; le bénévole veut entendre qu’on le remercie pour son action en particulier. Ceci nécessite une connaissance fine des rôles occupés par les bénévoles et un relai des remerciements aux bénévoles ou salariés de terrain, chargés d’encadrer les activités bénévoles.

Les bonnes pratiques :

- Incarner le remerciement dans des témoignages : Faire des portraits pour communiquer en interne ou en externe (newsletter, site, RS), illustrations de belles histoires, prise de parole du bénévole lors de remise de prix pour témoignage de son expérience

- Organiser un événement dédié au remerciement des bénévoles : lors de la journée mondiale du bénévolat par exemple, ou lors d’un temps de séminaire pour rencontres et échanges entre les bénévoles, temps conviviaux (galette des rois, fin d’année, AG…), remise de prix aux bénévoles pour valoriser les engagements bénévoles (goodies, diplômes)

- S’appuyer sur des moments clés: accueil, penser un parcours d’intégration, les anniversaires d’engagement bénévoles, fête de départ pour remercier tout le temps donné par le bénévole à l’association

- autres: la valorisation du bénévolat se fait de plus en plus dans des bilans sociaux qui transforment en chiffres d’activités l'engagement, le compte engagement citoyen (soit validé au local si l’association a un compte, soit au national), le suivi de l'ancienneté des bénévoles grâce à des outils comme les CRM.

Vous l’aurez compris, valoriser ce n’est pas dire “nos bénévoles sont indispensables”, c’est être capable de dire qui sont ses bénévoles, sur quels sujets ils agissent, ce qu’ils apportent à l’association et les remercier un par un.

Merci aux représentant·es des associations qui ont partagé avec bonne humeur et intelligence leur expérience et leurs interrogations synthétisées dans cet article : Solidarités internationales, Vivre et Devenir, Mouvement français pour le planning familial, Soliha, Emmaus connect, Partage, Cresus, Action Contre la Faim, La Fédération des diabétiques, les Restos du coeur, Adie, AFM téléthon, Médecins du Monde 🫶


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