A l’occasion de la sortie de son guide la Culture Bénévole, l’équipe de Benevolt a proposé un petit-déjeuner interassociatif. Depuis deux ans, chargés de mobilisation et du bénévolat, responsables de la vie fédérale, responsables de l’animation du réseau, RH et désormais responsables de communication dans les associations se réunissent pour ces moments de convivialité et d’échanges.
Lors de la précédente et 7ème rencontre dans le cadre des petits-déjeuners, la question de la culture bénévole était abordée. Concept nouveau mais essentiel pour l’attractivité des associations, la culture bénévole nécessite des temps d’échanges entre pairs. Les inquiétudes, les freins, les besoins des associations nationales et des fédérations avaient à cette occasion été exprimés. Retrouvez tous les échanges de ce précédent rendez-vous ici.
En continuité, après un été propice à la réflexion,, nous avons remis ça : un petit-déjeuner interassociatif pour adresser la culture bénévole. De nombreuses associations ont répondu présentes et avec elles de multiples causes : Médecins du Monde, Action Contre la Faim, Adie, Initiatives France, les fédérations FEHAP et URIOPSS (Hauts-de-France). De quoi donner du grain à moudre à nos réflexions autour de la culture bénévole.
Dans un contexte économique fragilisant le lien social après une période de crise sanitaire ayant favorisé le repli sur soi, les associations font face à de grandes difficultés d’engagement des bénévoles. En effet, la crise sanitaire a entraîné la diminution des effectifs dans les équipes bénévoles avec une diminution structurelle du nombre de bénévoles seniors. Jusqu’alors plébiscités pour leurs compétences et disponibilités, leur désertion met les associations face à des questionnements d’attractivité de leur offre de bénévolat et d’évolution des comportements bénévoles.
Ainsi, celles et ceux qui accompagnent le bénévolat dans les associations nationales, fondations et fédérations font face à de nouveaux enjeux : l’engagement de nouveaux bénévoles mais aussi leur fidélisation.
La culture bénévole permet d’impacter toutes ces étapes de la vie d’un bénévole dans l’association. Elle permet notamment d’agir sur les écarts qu’il peut y avoir entre la vision de l’association et des bénévoles sur le fonctionnement de l’association. Amélie Arcile, cofondatrice de Benevolt, l’exprime avec un exemple : “L’association peut définir la convivialité comme le point fort du bénévolat face à des bénévoles qui, eux, s’ennuient dans une association où il ne se passe rien”.
Cet écart identifié permet de travailler sa culture bénévole pour que la pratique bénévole ressemble à la théorie. Les échanges avec les participants soulignent par ailleurs l'importance du projet associatif pour l'identité et la culture d'engagement commune à créer et alimenter dans une structure associative. Il serait aberrant de dissocier les deux : le projet associatif, raison d’être de l’association doit irradier la culture bénévole et souder les parties prenantes.
Pour autant, cette culture bénévole doit faire l’objet d’une collaboration entre les différentes compétences de l’association et notamment entre les pôles Engagement et Communication.
Comme le fait remarquer Pierre Catalan, directeur de l’Engagement dans la fédération FEHAP, la culture bénévole passe aussi et surtout par une approche physique, de terrain, pour des bénévoles qui y agissent justement. En effet, dans cette fédération représentant 5 600 structures adhérentes dans le domaine médico-social, les bénévoles sont avant tout au contact du public soigné ou accompagné.
Pour autant, les nouveaux usages amènent très régulièrement les nouveaux bénévoles à rationaliser leur engagement. En effet, l’offre de bénévolat étant désormais plus visible et donc très large, le choix de la mission, de la cause ou encore de l’association où s’engager est difficile à faire. Alors on se renseigne : visite des pages de l’association sur les réseaux sociaux, du site Internet et notamment des pages dédiées à l’engagement. Les bénévoles cherchent alors à confirmer une idée déjà en tête, à se projeter ou tout simplement se porter volontaire de manière officielle.
Pour autant, la seule compétence des as de la communication et de la communication digitale ne suffit pas. Dans cette collaboration pour établir et mettre en forme cette culture bénévole, les responsables de l’animation, de l’intégration et des relations avec les bénévoles sont essentiels. En effet, l’un des grands enjeux de la culture bénévole, c’est de la construire collectivement. Cela répond à un double-enjeu :
L’association l’Adie, représentée par Marie-Eve Chavy, responsable du bénévolat dans cette association de 1 200 bénévoles qui agit localement au travers de l’accompagnement à l'entreprenariat a démarré ce travail. Marie-Eve témoigne : dans cette grande association on tente de conscientiser, verbaliser les éléments qui font la culture bénévole. C’est ce qui permettra d’identifier le turn-over (le départ des bénévoles) et la stagnation du nombre de bénévoles dans certaines régions. Dans cette association, une carte d’empathie a été mise en place pour récolter les ressentis des bénévoles.
Forme d’engagement par excellence, le bénévolat devient aujourd’hui de plus en plus une “forme d’engagement parmi d’autres”, souligne Pierre Catalan. Avec de plus en plus d’associations employeuses, le bénévolat doit intégrer une vision holistique de l’engagement. Salariés, volontaires, mécénat de compétences, bénévolat ponctuel et bénévolat régulier… sont autant de profils d’engagés que l’on retrouve et qui travaillent ensemble pour le projet associatif. A noter également, l’importance et la montée en puissance des actions bénévoles informelles : solidarités de proximité et de voisinage
Marie-Eve Chavy (Adie) exprime d’ailleurs que le travail sur la culture bénévole arrive après un travail sur la marque employeur, ce qui en facilite la construction. Des entretiens qualitatifs ont notamment été réalisés auprès de salariés et de bénévoles pour comprendre et écouter les uns et les autres. Ce travail a permis notamment de créer le portrait robot du bénévole qui se plaît dans l’association.
C’est à partir de ce portrait robot que l’association va faire évoluer son site pour correspondre aux attentes de ce bénévole.
Pour Aline Merabtène de Médecins du Monde, il faut absolument voir l’engagement dans son ensemble et ne pas uniquement “se concentrer sur les bénévoles uniquement” car ils intègrent, dans cette association comme dans d’autres, une équipe aux multiples formes d’engagement.
La culture bénévole peut aussi évoluer avec les usages et les mouvances dans le bénévolat. L’ère est notamment aujourd’hui au bénévolat de plus courte durée et les associations s’y adaptent. C’est le cas pour Initiatives France qui accompagne les entrepreneurs et pour cela recrute des bénévoles chef d’entreprise qui n’ont que peu de temps à consacrer à cet engagement. Pauline Nollet, responsable de l’engagement de l’association, explique donc que des missions ont été spécialement conçues pour ces profils de bénévoles.
Salomé Lenglet, URIOPSS Hauts-de-France, rappelle que des formations existent pour accompagner les bénévoles à tout moment de leur parcours de bénévolat. En ce sens, les enjeux de structuration d’une stratégie pour partir de missions de bénévolat “en bordure” jusqu’à des missions de bénévolat plus cruciales - de gouvernance par exemple - se heurtent aussi au réflexe de chercher a priori des personnes déjà compétentes, comme l’observe Pierre Catalan (FEHAP).
La culture bénévole est donc un sujet dont se sont emparés beaucoup d’associations dans des causes variées, avec des visions et des fonctionnements très différents. Adresser ce sujet nécessite la collaboration de toutes les compétences à l’intérieur de l’association et notamment les connaissances du bénévolat et de la communication, qu’elle soit interne ou externe ou encore digitale.
Construire cette culture bénévole ne se passe pas d’échanges concrets avec les bénévoles et les référents sur le terrain grâce à des outils comme la carte d’empathie, l’entretien qualitatif ou le rapport d’étonnement qui permettent d’affiner la connaissance des bénévoles et leurs attentes. Identifier les sources de satisfaction et d’épanouissement des bénévoles permet de valoriser ces attributs de vos associations et se confronter aux sources d’insatisfactions ou d’écart permet d’améliorer le fonctionnement ou le discours porté par les membres.
Elodie Jouan qui fait partie des intervenantes très régulières lors de ces petis-déjeuners interassociatifs, responsable de l’engagement pour Action Contre La Faim note aussi qu’il faut penser à l’après : une fois que les bénévoles se sont portés volontaires, comment les accompagner dans le parcours d’intégration ? Peut-être le sujet du prochain petit-déjeuner…
Le sujet vous inspire ? Si nous en discutions !Découvrez l’Espace Asso by Benevolt
Depuis 2020, les services de Benevolt n’ont cessé d’évoluer pour répondre aux besoins des associations. Aujourd’hui, nous sommes bien plus qu’une plateforme de bénévolat. Découvrez comment notre service évolue pour mieux répondre à vos besoins.
Des bénévoles pour une collecte nationale : l'exemple de la Fondation des Femmes
On les reconnaît, souriants et motivés, à l’entrée des magasins lors des grandes opérations de collecte. Les bénévoles ponctuels se mobilisent pour ces collectes auprès de nombreuses associations. Il s’agit pour eux et pour elles de récolter des denrées alimentaires dans les grandes surfaces, des produits d’hygiène ou encore des produits pour les animaux dans les enseignes spécialisées.